Pourquoi la rupture amoureuse fait-elle autant souffrir?
Comprendre la souffrance issue d’une rupture
Expérience universelle, la rupture d’un lien amoureux provoque une douleur intense, souvent difficile à appréhender. Cette souffrance ne se résume pas à une simple tristesse. Elle est multiforme, touche l’identité, l’estime de soi et ce qu’on attend de l’avenir.
Même si, comme l’écrit Anne Hébert, « l’amour est un souvenir que personne ne peut voler », son absence laisse un vide, une perte.
Cette perte provoque un deuil, un processus de séparation qui nécessite temps et attention.
La rupture des liens tissés au cours de la relation exacerbe la douleur. On perd non seulement le partenaire, mais aussi le quotidien partagé, les projets communs, et une partie de soi-même.
Dans le cas des femmes, nombre d’autrices ont décrit le paradoxe des relations amoureuses par rapport à la construction de leur identité, laquelle dépend souvent du regard de l’autre. La rupture remet en question cette identité, suscite un sentiment de vide et de désorientation. Plus d’une fois, j’ai entendu une patiente soupirer « je ne me reconnais plus! » Pour parvenir à surmonter la rupture, il faut reconnaître et nommer ces pertes, commencer à les apprivoiser.
Accepter ses émotions
Mieux vaut ne pas chercher à fuir ou à réprimer la douleur. L’acceptation entame le processus de guérison.
Comme le souligne Annie Ernaux dans Les années, la vie comporte une suite de pertes, à commencer par celle que subit le nourrisson lors du sevrage.
Tout changement impose une part de mélancolie. Vous serez peut-être étonnée de lire que selon mon expérience clinique tenter d’échapper à la souffrance d’une rupture ne fait, en fait, qu’allonger le chemin vers la guérison.
Alors que si on l’accepte, la douleur est temporaire, même si elle semble insurmontable. Il faut se montrer patient et bienveillant envers soi-même, se laisser le temps de pleurer, de se souvenir, de digérer la rupture. L’acceptation ne correspond pas à la résignation, mais plutôt à une reconnaissance de la réalité de la situation, à une étape nécessaire pour avancer.
Exprimer la peine et commencer à se reconstruire
Une fois la douleur acceptée, permettre à la douleur de s’exprimer offre une forme de libération. Cela s’effectue de différentes manières : en parlant à des proches de confiance, en écrivant, en pratiquant une activité artistique, en consultant un thérapeute. L’important est de trouver une voie d’expression qui permette de libérer les émotions et de se reconnecter à soi-même.
Certains conseilleront l’oubli, mais l’oubli est un art difficile, voire dangereux. Il ne s’agit pas d’oublier la relation, mais de la dédramatiser, de lui retirer son pouvoir destructeur.
En exprimant sa peine, on commence à reconstruire sa vie, à se recentrer sur soi, à redécouvrir ses propres désirs et ses propres aspirations. Processus graduel, la guérison demande du temps et de la patience, ainsi que le soutien adéquat.
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